Page 10 - Nouvelles gauloises - Nouvelles antiques
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Dès qu’elle fut hors de l’insula : les clameurs,
la cohue, la foule des rues ; l’enfilade des maisons
de briques ; les plaustra à deux ou quatre roues,
à corbeilles d’osier surchargées de vivres, tirés
par des ânes ou des mules ; les esseda remplis de
voyageurs. Un crachin froid et pénétrant fouet-
tait son visage et ses pieds ; elle regarda vite alen-
essedum tour, aperçut le chien qui détalait en longeant les
boutiques du rez-de-chaussée.
– Louernos, reviens ici !
Elle courut, sandales déjà souillées de boue,
frôla des vêtements bariolés : les hommes en
braies et tunique recouvertes d’un manteau
de laine à capuche, écharpe autour du cou ;
les femmes enroulées dans des draperies et des
châles mouillés. Les enfants sautaient dans les
flaques. Des bribes de phrases lui arrivaient aux
oreilles, latin vulgaire aux accents forts, entre-
mêlé de termes gaulois.
– Eh, toi ! hurla-t-on dans son dos.
braies Elle avait accroché un drap à peine retenu par
une fibule.
– Non, Louernos ! Pas par là !
Le chien venait de prendre une rue à angle
droit ; quand elle y parvint à son tour, il croisait
une petite fontaine où des esclaves, la tête rasée,
l’un derrière l’autre, venaient chercher l’eau pour
leurs maîtres. L’animal s’éloignait très vite.
fibule Elle pressa l’allure davantage, dépassa en trois
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