Page 8 - Nouvelles gauloises - Nouvelles antiques
P. 8
– neuf ans tout au plus, cheveux bouclés, tunique
recouverte d’un manteau lui arrivant aux che-
villes, les pieds dans des socquettes de laine – ;
elle posa sur un coffre en bois un mortier de
terre cuite rempli de blé à demi moulu, se préci-
pita vers le berceau d’osier où le second jumeau
venait de s’éveiller, défit prestement les liens qui
compressaient son corps emmailloté, le prit dans
nourrisson ses bras et commença à le bercer en marchant.
emmailloté – Tout doux, Pullus, tout doux… Il n’a pas
encore mangé, Fortunata ?
– Je l’ai nourri il y a moins d’une heure, mais il
n’est jamais rassasié !
Au chaud contre sa grande sœur, le nour-
risson s’apaisa et n’émit plus que des gémisse-
ments légers, bientôt recouverts par les clameurs
sourdes qui s’élevaient, trois étages plus bas, de
la rue.
Un chien apparut alors dans l’encadrement
du chambranle : noir, l’œil pénétrant, il se tint
immobile, fixant tour à tour la fillette et la nour-
rice ; il semblait hésiter.
– Chut, Louernos, pas un bruit, murmura
Primilla. Pullus s’est rendormi.
La bête expira fortement, enveloppa la pièce
d’un regard et retourna dans l’entrée où elle était
restée couchée.
L’instant d’après, des coups résonnaient à la
porte.
6