Page 8 - Nouvelles grecques - Nouvelles antiques
P. 8
Il règne une odeur de vinaigre et de sueur qui
donnerait la nausée à quiconque entrerait dans la
pièce. Mais les hommes présents ne sentent rien.
Larges, musculeux, hâlés, cheveux longs en brous-
saille, barbes épaisses, ils mangent un ragoût mêlé
de sang, de sel, d’épices qu’ils saisissent par le bout
des doigts, dans du pain. Les visages sont durs et
52 litres rugueux. On n’entend que le choc des mâchoires,
celui des gobelets de terre cuite qu’ils reposent sur
la table en bois, lorsqu’ils ont bu leur vin mouillé.
Lichas semble brusquement inquiet.
– Alcidas n’est pas là ? fait-il.
Les autres guerriers le regardent.
médimne, – Tu as oublié, mon frère ? Il n’a plus sa place
unité de mesure avec nous.
des grains
– Il n’apportait plus son médimne d’orge. Ni
ses huit conges de vin.
– D’ailleurs il était suspect. Presque trente ans
et pas marié.
– Et puis il délaissait son père. Le vieil homme
3,24 litres ne peut plus marcher. Un bon fils n’agit pas
comme ça.
– Sans compter qu’après tant de batailles. Où
les plus braves de nous mouraient. Il revenait
sans une blessure. N’est-ce pas louche ?
conge, – Au fond il ne valait rien. Il ne pensait qu’à
unité de mesure lui. Un soir il m’a confié ses souhaits d’intégrer
des liquides
la garde royale. Et plus tard devenir géronte. Ses
désirs passaient avec nous.
6