Page 124 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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et son visage disparaissait comme une empreinte sur
le rivage.
– Tu le feras, Marc ? Tu promets ?
Je voulus crier ma réponse mais rien ne sortit de
ma bouche. Alors je serrai sa main fort, le plus fort
que je pouvais.
Et sentis qu’il faisait de même.
– Merci… Merci… Il le fallait… Pour lui, pour
moi, pour tous les autres qui croient encore… Le
monde d’aujourd’hui a perdu la magie de l’Égypte
ancienne… Cette conf iance dans les mots, les images,
dans leurs pouvoirs illimités… Cette conf iance, cette
croyance intime, qui faisait le bonheur du monde…
Merci, Marc… Mon ami… Merci.
Je sors de la gare : c’est le calme ; une ville de
province qui sommeille par un après-midi d’été.
Quelques voitures, au ralenti ; des piétons
épars cheminant à l’ombre des balcons déserts ;
les magasins aux stores baissés ; le vent qui rase
l’asphalte tiède.
Je me mets en marche, décidé.
Sur le boulevard, les marronniers, de part et
d’autre, s’étirent en deux lignes parallèles ; à
l’angle de l’unique cinéma, une ruelle monte au
vieux quartier.
Les maisons aux toits de tuiles rouges ; les pavés
qui tapissent le sol ; sur les pas des portes, silen-
cieux, des vieillards tranquilles me regardent.
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