Page 125 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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Puis c’est le soleil, brusquement : la place cen-
trale de la cité, avec sa fontaine, ses arcades, ses
jardinières remplies de roses.
J’avance droit devant ; je ne pense plus ; les
deux mains serrées dans ma veste.
Une lourde porte : elle est ouverte ; au-dessus,
le linteau gravé : « Musée de l’Égypte ancienne » ;
f ierté de la ville endormie.
Mon pouls s’accélère ; je pénètre…
Il n’a pas bougé, le vieux garde en uniforme
bleu défraîchi.
Assis sur un banc, dos au mur, derrière de
grosses lunettes opaques, il émet un mince siffle-
ment chaque fois que son ventre s’affaisse. palette
Mes pas se font à peine entendre ; je glisse dans de Narmer
la salle comme une ombre. (xxx siècle
e
Les présentoirs, de toutes les tailles, sont cou- av. J.-C.)
verts d’une couche de poussière.
Sur un piédestal, une réplique accroche de
biais mon regard : celle de la palette de Narmer,
l’homme qui rassembla les régions de la Haute
et de la Basse-Égypte, devenant le tout premier
roi de ce pays maintenant uni.
Je connais l’histoire ; je progresse.
Un chadouf, en bois d’origine, occupe la lar-
geur d’une estrade.
Mes yeux survolent le balancier qui extrayait
l’eau des canaux pour la répandre sur le sol. chadouf
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