Page 19 - Nouvelles romaines - Nouvelles antiques
P. 19
tissu autour de son torse et de son épaule gauche,
noua les lanières des sandales, puis, les jambes
molles, se dirigeait vers la sortie quand le respon-
sable ajouta :
– Et la prochaine fois, je vous conseille d’aller
vous baigner ailleurs. La ville compte plus d’une
centaine d’établissements, alors vous aurez l’em-
barras du choix.
Mais l’affranchi se sentait si mal qu’il n’enten- Virgile
dait déjà plus rien. (v. 70-19 av. J.-C.)
– Moi, vêtu d’une exomis ! Mais quelle humilia-
tion !… bafouilla-t-il en se retrouvant dans la rue.
Et tandis qu’il avançait tête baissée, ses
yeux jetaient des regards furtifs aux passants,
redoutant de lire sur leurs visages des sourires
de moquerie. Mais non, rien de cela… C’est à
peine si l’on notait sa présence… À croire que
pour tout le monde, il était bel et bien resté
esclave !… Esclave ?… Lui ? Le grammaticus qui
initiait tant d’élèves aux beautés de Virgile, à
sa langue impeccable, à son amour de la terre
d’Italie et sa manière épique de célébrer Auguste
et le passé glorieux de la Ville éternelle !… Qu’un Auguste
esclave puisse tant aimer Rome, c’était quand (63 av. J.-C.-14 apr. J.-C.)
même un comble !
Il rajusta l’exomis qui glissait de son épaule ;
il marchait bien trop vite et l’habitude du vête-
ment l’avait depuis longtemps quitté.
17