Page 20 - Nouvelles gauloises - Nouvelles antiques
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De part et d’autre de la voie s’alignaient des
                              tombes, parfois modestes, parfois somptueuses,
                              pierres dressées ou mausolées ; des hommes, des
                              femmes, des familles entières se recueillaient
                              devant certaines, prenaient un repas ou buvaient
                              pour célébrer le disparu, insoucieux des gens qui
                              passaient ; çà et là, des voyageurs, des commer-
                              çants, des étrangers s’arrêtaient pour lire l’épi-
                              taphe latine de morts inconnus, lesquelles, en
                              retour, leur souhaitaient de faire bonne route.
                                La fillette et le chien se mirent à longer toutes
                              ces tombes ; elles offraient une succession de bas-
                              reliefs, souvent rehaussés de couleurs, racontant
                              la vie de chaque défunt.
                                Ornant le mausolée d’un riche vendeur de
                              vins, trois registres mettaient en scène l’existence
                              passée du mort : au centre, auprès de sa tendre
                              épouse qui avait la main sur son épaule, il se fai-
                              sait servir un plat de volaille par des servantes,
                              tandis qu’un jeune enfant, son fils, donnait les
                              restes à un petit chien ; en haut, sur la berge d’un
                              fleuve, ses employés halaient une barque remplie
                              d’amphores ; en bas, dans un décor champêtre,
                              c’est des satyres qui s’enivraient.
                                Une autre tombe était constituée d’une simple
                              stèle : une épouse modeste mais dévouée, morte
                              dans la fleur de l’âge, figurait de pied, stylet dans une
                              main, tablettes de cire dans l’autre ; preuve qu’en
                              plus de son dévouement, elle était capable d’écrire.





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