Page 18 - Nouvelles gauloises - Nouvelles antiques
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Revenu au fourneau, il y plongea la pince, saisit
une barre de fer chauffée à blanc, se dirigea droit
vers l’enclume.
La barre maintenue à plat sur l’enclume, il la
martela, sans arrêt, de toutes ses forces.
Le métal se déformait à chaque coup ; les
chocs étaient assourdissants mais l’homme ne
cillait pas ; il gardait la mâchoire serrée, les pieds
cramponnés au sol.
Brusquement, il se retourna, serrant toujours
la pince, traversa la pièce en trois enjambées
jusqu’à un coin plongé dans l’ombre.
– Qu’est-ce que tu fais là, toi ? hurla-t-il.
Une bête était recroquevillée, pelage noir,
oreilles rabattues ; elle tremblait.
La barre brûlante allait atteindre son museau et
elle n’osait même pas bouger.
– Ne le touche pas ! C’est le chien de mon père !
Primilla venait de surgir.
L’homme se figea.
– … et il est forgeron, comme toi ! ajouta-t-elle.
Surpris, l’homme abaissa le bras ; mais il se
ressaisit très vite :
– Et toi, d’où tu sors ?… Rentre à la maison,
chez ta mère !
La fillette hésita, comme partagée entre peur
et courage.
– Ma mère n’est pas à la maison ! Elle est au
forum… elle travaille !
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