Page 19 - Nouvelles gauloises - Nouvelles antiques
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L’autre parut un instant interdit ; brusque-
                   ment, il éclata de rire.
                     –  Une  femme  qui  travaille !  Quel  forgeron
                   permettrait ça ?
                     Ses  rires  emplirent  bientôt  toute  la pièce ;
                   l’homme n’était plus qu’hilarité ; il ne remarqua
                   même pas quand les deux intrus s’en allèrent.


                     La fillette et le chien marchaient maintenant
                   côte à côte, lentement, en silence ; leurs pas
                   semblaient s’accorder d’eux-mêmes.
                     À un moment, Primilla posa la main sur le
                   crâne de la bête, qu’elle se mit à caresser, et dit :
                     – C’était donc ça ?
                     Louernos leva vers elle des yeux remplis d’une
                   tristesse infinie ; un long gémissement s’échappa
                   de sa poitrine.


                     Au sortir de la ville, sur la route principale, ils
                   côtoyèrent de petits temples, ronds ou carrés,
                   trapus, modestes, réservés aux dieux indigènes ;
                   ils croisèrent, sans prêter attention, des colpor-
                   teurs transportant leurs affaires sur le dos ou
                   tirant des coffres munis de roues contenant
                   les modestes articles qu’ils espéraient vendre à
                   la  ville ;  ils  se  firent  dépasser  par  des  paysans
                   retournant chez eux, leurs chariots remplis des
                   denrées qu’ils venaient d’acheter dans les mar-
                   chés du forum.





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