Page 10 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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Les épis avaient maintenant jauni. C’était peret,
saison de la sortie. Autour des paysans bour-
donnait une foule bigarrée : les arpenteurs, avec
cordes et piquets, mesuraient la récolte future ;
des scribes, calame dans la main droite, écrivaient
sur des papyrus qu’ils tenaient de la main gauche ;
des enfants bougeaient en tous sens pour effrayer
les oiseaux gourmands ; de jeunes servantes don-
naient à boire aux fonctionnaires faisant une
scribe au travail pause ; partout, des badauds observaient.
Les visages avaient des traits réguliers et un air
de famille troublant, mais à y regarder de près,
l’expression différait d’un brin entre chacun des
personnages : l’artiste avait f inement saisi l’es-
sence distinctive de chaque être. Notre homme
scruta cela, souffle tranquille, puis il reprit sa
marche lente.
Près du puits menant au caveau, il f it encore
une pause.
Les paysans étaient en pleine moisson. C’était
chemou, l’été brûlant, la saison de la récolte.
Derrière les hommes courbés, des femmes
assemblaient les épis en gerbes, qu’on empor-
tait ensuite sur des brancards jusqu’à l’aire de
battage. À l’ombre, le maître surveillait le parfait
déroulement des choses ; plus loin, des glaneurs
se pressaient pour ramasser des restes d’épis.
Notre homme eut un frémissement : l’un d’eux
tenait un f ilet.
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