Page 14 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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– Hier, tout avait bien commencé…
Ahmès se cala dans son siège.
– Nous étions là pour son réveil, Montoumès
et moi-même. Ptahhotep, son frère de Coptos,
était venu lui faire la surprise. Minnakht sem-
blait bien détendu. Il avait les joues roses, l’œil
paisible – tu sais comme il aime dormir – et si ce
n’est sa maudite jambe droite qui lui fait de plus
en plus de misères, il s’est levé d’un pied agile
pour effectuer ses ablutions. Barbier, manucure,
pédicure, il était parfaitement serein, réglait les
affaires courantes, faisait la dictée aux scribes.
Tout juste pouvait-on sentir… peut-être… un peu
d’empressement dans sa voix. Hier était son jour
de chasse, et tu sais comme il aime chasser…
Taouseret parut soucieuse, comme si ses propres
mots l’avaient troublée.
– Ce n’est qu’ensuite qu’il fut étrange…
Ahmès l’observait, silencieux.
– Nous avions des amis à déjeuner. Les grillades
d’oies, de canards, de pigeons fumaient à peine
dans les plats d’albâtre. Les liqueurs dans les
jarres avaient un peu tiédi. Les servantes dénu-
dées venaient de circuler, distribuant les fleurs de
lotus à la ronde. Brusquement, le harpiste lance :
« Ô toi, Minnakht, meilleur de tous les hôtes,
bois ta coupe en entier ! Fais honneur à la vigne !
Soûle-toi à satiété ! Car le temps des plaisirs sur
fleurs de lotus cette terre t’est compté et il approche, le jour
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