Page 16 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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f ilets, leurs harpons et leurs cordes pour vaincre
                              l’hippopotame. Je voulais être seul… Les marais
                              sont si beaux… Et les épreuves de force ne sont
                              plus de mon âge…
                                Il semblait chercher les mots justes.
                                – Le soleil irisait les feuilles. Mon canot déri-
                              vait sur l’onde. À l’avant, mon oie appelait les
                              proies, ne faisant que de courtes pauses. J’avais
                              le boomerang en main, prêt à lancer au moindre
                              signe… Lorsque je crus voir un canard, je jetai
                              l’arme sans réfléchir, mais tout brillait autour
              boomerang       de moi, les couleurs se mêlaient sans cesse…
                              J’entendis un bruit sourd, comme la chute d’un
                              objet très lourd… Je sautai aussitôt dans l’eau,
                              j’avançai à grand-peine… Entre les branches, je
                              vis une barque, un f ilet posé sur la proue… Le
                              pêcheur  gisait là, inerte,  son pagne  maculé de
                              sang, le crâne brisé par mon boomerang…
                                Minnakht avait les yeux hagards.
                                – Ce sont là des choses qui arrivent, f it Ahmès.
                              Mais toi, qu’as-tu fait ?
                                Le médecin l’observait, impassible.
                                – Très vite, je conduis la barque là où le fleuve
                              est plus profond, je jette le corps par-dessus bord
                              et les crocodiles le dévorent…
                                – Alors tu n’as plus rien à craindre, trancha le
                              médecin, sûr de lui.
                                Mais les traits du noble se crispèrent.
                                – Je le croyais, mais… la journée, les idées les





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