Page 11 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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Il s’approcha pour voir le visage… un cri étouf-
                   fé lui échappa !
                     Il lâcha sa lampe – elle se brisa –, sentit ses
                   genoux qui flanchaient, se ressaisit tant bien que
                   mal – il suffoquait –, courut comme il put vers
                   l’entrée et disparut vite dans la nuit…


                     – Son corps est possédé ! Il ne sort plus du lit !
                   Il est comme fou ! dit Taouseret.
                     Ahmès  observa  la  vieille  femme  qui  venait
                   de parler d’une traite. Sa mise était impeccable :
                   longue robe blanche, bracelets d’or, perruque
                   ceinte d’un diadème d’argent, colliers de perles.
                   Mais le visage était livide ; la mâchoire inférieure
                   tremblait.
                     – Ne crains rien, Taouseret, je suis là. Attends-
                   moi à l’ombre du kiosque.
                     Le médecin poussa aussitôt la porte et fut dans
                   la chambre du noble : partout, des meubles en
                   bois ouvragés, des coffrets de nacre et d’ivoire. Il
                   avança vers le grand lit – les pieds f iguraient ceux
                   d’un lion –, s’assit au chevet du malade : il gisait
                   sur le dos, la sueur au front, les yeux ouverts,     robe pour femme
                   hallucinés.                                            de haut rang
                     – Minnakht… Minnakht… tu m’entends ?
                     Le regard resta immobile mais les lèvres
                   bougèrent :
                     – La plume… Mon cœur… Il est trop lourd…
                     Ahmès redoubla d’attention.





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