Page 115 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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Je déboule sur le quai de gare : bondé ; les gens
qui circulent en tous sens et paraissent tous si
pressés.
À peine dans la rue, je me f ige : Paris est là,
immense, réelle.
Je la contemple sans le vouloir : immeubles,
voitures, magasins ; tous les bruits, les senteurs
nouvelles… mais il n’y a pas de temps à perdre :
un second train, une autre gare, il faut que j’y
sois dans une heure.
Je me mets aussitôt en marche, m’engouffre
dans une avenue. Je connais le chemin par cœur :
la carte est gravée dans ma tête.
La statuette serrée dans le poing, je f ile sans
plus penser…
– Trois mille ans, trente et une dynasties, quelque
trois cents pharaons, ce fut la plus longue civilisation
de l’Antiquité et l’un des premiers États de l’histoire.
– Et durant tout ce temps, pas grand-chose ne
changea ?
– Pas grand-chose, imagine-toi. Les croyances, les
coutumes, les institutions évoluèrent, bien sûr, mais
si peu, au regard des changements qui affectent le
monde d’aujourd’hui.
Son visage prit un air soucieux.
– Il y eut pourtant quelques ruptures.
J’étais suspendu à ses lèvres.
– Akhenaton.
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