Page 70 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
P. 70
J’aimais les grains, les bêtes, les armes que nous
remportions lors des sièges.
J’aimais tout et tu me l’as pris…
– Alors ?
Des gouttes s’étaient formées sur le front de
l’étudiant ; il balbutia, la gorge sèche :
– Ddd… ddd… douze ?
Tjay posa sur lui un œil calme.
– Le prisme d’une colonne fasciculée comporte
donc douze côtés ?
Le jeune homme parut plus conf iant.
– C’est cela, maître… Douze côtés.
colonne Le scribe eut un sourire rapide qui se mua en
fasciculée expression de mépris.
– Jamais tu n’élèveras de temples, ni ne siége-
ras au tribunal, ni n’accueilleras de dignitaires.
Tu n’es bon qu’à planter les grains, mouler les
Empire hittite briques et te soûler. Ôte-toi de ma vue. Va-t’en !
Tu l’as pris dans une plaine de Syrie où je venais
d’être envoyé pour mater l’ennemi hittite.
Il faisait un soleil de plomb le jour de la dernière
mer Méditerranée
bataille. L’écume recouvrait les chevaux ; l’écuyer les
fouettait sans cesse ; nous roulions à tombeau ouvert.
Égypte J’étais prêt, mon arc tendu à l’extrême, l’ennemi
grossissant à vue d’œil.
Empire hittite Lorsqu’il se trouva bien de face, je décochai enf in
ma flèche : elle alla lui trouer le bras. Mais un rocher
68