Page 72 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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motifs floraux et coiffé d’un couvercle au galbe
de griffon.
– Cela vient de Syrie, f it le scribe, qui la prit par
la main vers un coin de la pièce où des armes trô-
naient sur une table en bois. Un bouclier en cuir,
entouré d’une ganse de métal, f igurait Pharaon
lui-même tuant un ennemi à terre.
– C’est magnif ique, dit-elle.
– Mais je n’aime que les belles choses, f it l’autre
en lui serrant la taille.
Ma main perdue, je fus renvoyé de l’armée car jugé
par elle inutile. J’étais encore très jeune et ma pen-
sion fut dérisoire. Quant à ma part de butin prise à
l’occasion de nos victoires, elle fondit le temps qu’il
fallut pour que je trouve de quoi survivre.
Mais j’avais grandi dans les armes et je ne savais
que me battre.
Je tombai alors en disgrâce.
Pendant un temps interminable, je peinais avec les
esclaves, les prisonniers, les étrangers pour extraire
les roches des carrières. Parqués en régiments entiers,
nous nous perdions dans le désert pour trouver les
pierres majestueuses qui orneraient les tombes et les
temples. La faim et la soif nous brûlaient autant que
ce séjour sans ombre, certains périssant en chemin
avant d’avoir atteint un puits.
Lorsque la montagne surgissait, il fallait agir au
plus vite. Nous prenions d’abord les pierres libres
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