Page 76 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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et s’ébattre en toute liberté ; mes vaches avaient l’œil
caressant et je leur parlais comme un père.
Puis tout se brisa d’un coup.
C’était la nuit ; je dormais dans l’étable. Mon som-
meil devait être lourd – conséquence d’une journée de
marche – car je n’entendis pas le voleur. Au matin, il
manquait trois bœufs – une perte que je ne pouvais
pallier. Le maître m’accabla aussitôt, m’accusa de
connaître le coupable, n’entendit rien de ma défense,
me f it bastonner pour avouer.
Mon dos, déjà fourbu par la besogne des carrières,
f init par se briser tout à fait.
Épuisé, mutilé, éclopé, je tombai alors tout en
bas…
Sa voile distendue par le vent, le long navire
glissait sur l’onde. Dominant l’éperon, les deux
hommes f ixaient l’horizon, leurs mots couverts
par le remous des vagues se brisant sur l’étrave.
– Mes bracelets n’ont coûté que trois qité d’ar-
gent, mais ils resplendissent de mille feux. Et toi,
que vas-tu leur donner en troc ?
– Des colliers, toujours des colliers. Toutes ces
babioles ne valent rien.
– Crois-tu qu’ils mêleront à l’encens l’ivoire et
les peaux de panthères ?
hiéroglyphes Tjay eut un sourire fourbe.
signif iant « qité » Au loin les naïfs villageois de Pount agitaient
(9,1 grammes)
leurs bras en criant.
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