Page 79 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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Brusquement, mon regard se f ige sur une large
feuille, déroulée. J’approche sans penser, je regarde.
Oui. Il s’agit bien des caractères qui désignaient mon
corps d’armée, le tout dernier que j’occupai. J’inspecte
les signes, nerveux. On y dresse la liste des hommes
qui devront être recrutés. Je trouve la date ; mon cœur
s’emballe : c’est juste avec mon dernier combat…
Mes yeux parcourent les noms très vite… rien.
Je suis étonné, recommence, cette fois plus lente-
ment, pour être sûr… toujours rien.
Au poste qui allait être le mien au cours de cette
ultime bataille f igure le nom d’un autre soldat.
Je réfléchis, hésite un peu, puis, sans plus rai-
sonner, je me lance : je saisis tous les papyrus, les
déroule, les examine un à un, sur les guéridons, par
terre, dans les niches, dans les coins, partout, et
d’un coup, tremblant, je me f ige : j’ai dans la main
le document mentionnant la liste des hommes qui
furent bel et bien enrôlés.
Le souffle court, je scrute chaque ligne…
Là.
C’est mon nom.
Je reconnais.
Celui de l’autre a disparu.
Je pense encore, ouvre les yeux.
Je m’effondre – mes jambes ont compris :
Le scribe qui a recruté les hommes pour cette
bataille de tous les dangers s’est fait acheter par le
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