Page 75 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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surchauffées –, me couvrais de vêtements de laine
pour supporter les nuits glaciales et nettoyais mon
corps hâlé avec la sève épaisse des arbres.
Mais le désert rongeait mon âme et le Nil me fai-
sait languir.
Lorsqu’un riche éleveur d’Abydos vint un jour
commercer chez nous, je vantais ma longue expé-
rience pour qu’il me recrute sur ses terres. La chance
me sourit – du moins, je crus – et j’abandonnai mes
bons nomades pour être berger près des villes.
Au début, je ne fus pas malheureux.
J’étais pauvre, certes ; la vie était rude ; souvent
les tiges de papyrus constituaient mon unique repas.
Mais les jours sur les rives du fleuve apportaient
leurs lots d’allégresse. Je voyais mes chèvres grandir
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