Page 71 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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heurta le char et nous fûmes projetés à terre. L’écuyer
ne put se relever : l’homme l’abattit d’un coup de
hache. J’avais saisi vite ma javeline, prêt à un com-
bat furieux.
Il y eut des chocs de part et d’autre, cliquetis, râles,
cris de rage. Le sang baignait nos deux vêtements,
mais je ne sentais plus la douleur. Mes membres
étaient comme transis.
Quand je vis le bronze dans son torse et qu’il
ne bougea plus du tout, je compris qu’il était bien javeline
mort. Je f ixai alors le cadavre, haletant que j’étais,
et j’aperçus une main – elle gisait seule, au sol, près
de sa hache. Je baissai les yeux vers mon bras…
Il ne restait plus qu’un moignon.
Sur le coup, je ne criai pas. L’ébranlement m’avait
f igé net.
Mais en perdant ma main ce jour-là, c’est toute
ma vie que je perdis…
Le long plateau, recouvert d’or, offrait un
décor bucolique gravé : pendus aux lourdes
branches d’un arbre, des enfants cueillaient des
Thèbes
fruits mûrs ; singes et girafes flânaient entre les
palmiers ; au fond s’élevait un village, avec ses
huttes en forme de cônes.
– Comme c’est pittoresque, Tjay.
– Ceci provient de Koush.
province
– Et cela ? demanda la jeune femme en dési- de Koush
gnant, au bout du salon, un grand vase orné de
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