Page 91 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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t’en rendre compte ; maman en était f ière… car
elle te réservait les plus hautes destinées.
Le vieil homme f it silence ; son regard
s’assombrit.
– Juste avant qu’elle ne meure… reprit-il, bal-
butiant, elle me f it lui promettre : je ferais de
mon mieux pour que tu réussisses.
Neith eut un sourire tendre.
– Mais papa, tu l’as fait… Grâce à toi, j’ai suivi
l’instruction qu’on donne aux f ils de scribes et de
hauts dignitaires ; j’ai rejoint le harem du temple
où l’on m’a appris le tissage, le chant, la danse,
le sistre, le luth, la harpe, la lyre ; je suis devenue
prêtresse d’Hathor, mes paroles pèsent dans les
cœurs, des hommes et des femmes m’obéissent,
j’ai une terre cultivable à moi, je jouis des avan-
tages du temple et partout où je vais, on m’aime.
Que voudrais-je de mieux que cela ?
Le prêtre la f ixa ; sa voix devint très douce :
– Mon ami Khonsou, scribe des livres royaux,
peut-être te souviens-tu de lui ; il venait chez
nous souvent… Depuis que son épouse est morte,
il se sent de plus en plus seul. Or, il ne t’a pas
oubliée, et je sais comme il t’apprécie. Avec lui,
tu serais heureuse. C’est un homme respectable
et bon ; et de surcroît très riche. Sa fortune est
considérable. Il t’initierait au commerce, tu aurais
des fonctions nouvelles, ton rôle à Memphis
grandirait, et forte de cette expérience, tu sistre
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