Page 92 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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deviendrais, sans nul doute, chef de la troupe des
musiciens. Alors ta mère serait si f ière !
Son émotion n’était pas feinte.
Sa f ille lui posa la main sur l’épaule.
– Je comprends que tu m’aimes, papa, et que tu
envisages pour moi ce que tu crois être le mieux.
Mais Mipou est l’homme de ma vie. Je l’aime de
tout mon cœur et lui, il n’aime que moi, ça je le
sais. N’est-ce pas, avant tout, ce qui compte ?
Le vieillard voulut répondre mais la jeune
femme fut plus rapide :
– Maman aussi, j’en suis bien sûre, aurait
agi comme je le fais. N’est-elle pas devenue ta
femme parce qu’elle t’aimait, tout simplement ?
Tu venais d’être nommé prêtre ; tu avais un rôle
limité ; les moyens te manquaient encore. C’est
son amour qui a fait de toi le chef du clergé de
Ptah… Alors, ne crains rien, mon papa. Mipou
a déjà sa maison. Nous nous marierons dans un
mois. Et Bastet, que nous honorerons, veillera au
succès de notre couple !
Le vieil homme baissa les yeux ; il ne trouvait
plus rien à dire.
Il était là, debout devant elle, immense, dressé
sur le large piédestal, le corps resplendissant
Bastet, déesse de sueur, les muscles ondoyant sur l’albâtre à
chatte protectrice chaque coup de ciseau porté aux cannelures de la
du foyer
colonne. Autour, d’autres hommes s’activaient –
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