Page 95 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
P. 95
– C’est fait.
Le vieil homme l’observa.
– Es-tu bien sûr qu’elle l’a trouvé ?
– Oui. J’avais déposé l’ostracon sur un outil
qu’elle devait prendre, et puis…
L’homme eut un sourire impudent.
– À son retour dans l’atelier, elle avait le visage
défait.
L’expression du prêtre s’assombrit ; mais il se
reprit aussitôt.
– Comment as-tu fait pour ton frère ?
L’artisan f it une moue cynique.
– J’ai dû lui jurer sur mon djet que j’avais vu sa
bien-aimée dans la maison de bière un soir qu’ils
n’avaient pas passé ensemble. D’abord, il a refusé
de me croire, mais comme je n’en démordais pas,
son inquiétude s’est installée.
Il f ixait le vieillard sans faiblir.
Ce dernier dut baisser les yeux.
– Voilà ton or. Maintenant, va-t’en.
L’artisan prit la bourse à pleine main et s’en alla
sans se presser, sous le regard de l’autre, absent.
Après qu’il eut rejoint la nuit, le vieil homme
resta immobile, le front martelé de pensées ; un
combat occupait son âme. djet, corps
F inalement, ses traits se durcirent ; il ouvrit ses qui sera momif ié
lèvres serrées :
– Laissons le doute produire son œuvre. Rien
de mieux pour briser un couple…
93