Page 94 - Nouvelles égyptiennes - Nouvelles antiques
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paniers : c’était bien sa corbeille à lui ; elle voit
l’ostracon dans sa main, elle a peur, le lâche
aussitôt : il tombe sur le sol, se fracasse.
Les genoux qui cognent, elle se sauve, le
polissoir à bout de bras ; elle est déjà dans
l’atelier.
Mipou lui sourit, tend sa main.
Elle lui donne l’objet en tremblant – il n’a rien
remarqué –, reprend sa place ; elle est glacée,
crispe ses muscles.
– Neith, ma gazelle, pardonne-moi. Je ne pour-
rai pas te voir ce soir. Un client me retient chez
lui.
Elle comprend, qu’il ne s’inquiète pas, alors…
alors… elle restera seule dans sa chambre, dans
sa petite chambre du harem, comme chaque soir
qu’ils passent séparés.
– Merci, ma colombe. Je n’aime que toi.
Elle le regarde ; il lui sourit ; elle ne bouge plus ;
il est joyeux ; elle le voit se remettre à l’œuvre,
musculeux, majestueux… lointain.
Elle a les yeux remplis de larmes.
– Entre. Assieds-toi.
L’homme sortit de l’obscurité, se rapprocha
avec lenteur et prit place dans un grand fauteuil.
Le teint blafard, la barbe sale, il posa sur le prêtre
un œil froid.
– Alors ? f it ce dernier, impassible.
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